Bell absorbe son concurrent direct pour se hisser au sommet. Le géant de l’industrie des télécommunications Bell a annoncé jeudi dernier dans un communiqué de presse son acquisition à une somme non divulguée du fournisseur internet Ebox qui il y a de cela quelques jours était encore indépendant.
Bell a de ce fait acquis la marque Ebox fondée par Jean-Philippe Béïque et Dominic Letourneau qui quittent tous deux la compagnie aujourd’hui dirigée par Isis Thiago De Souza, la nouvelle directrice déclare « Nous sommes ravis de nous joindre à la famille Bell et de poursuivre l’excellent travail que Jean-Philippe et Dominic ont commencé il y a 25 ans pour fournir un excellent service Internet aux clients du Québec et de l’Ontario. Cette acquisition permettra à EBOX de continuer à offrir une valeur et un service exceptionnel à nos clients, incluant l’avantage supplémentaire de l’envergure et de la technologie de Bell pour nous aider à faire croître notre entreprise et rendre EBOX accessible à encore plus de résidents et d’entreprises dans les années à venir. » Toutefois Ebox continuera à œuvrer en toute autonomie et fournir les différents services de télévision, d’internet et de téléphonie résidentiels à ses clients aux prix concurrentiels qui ont fait croitre sa popularité depuis 25 ans.
Cette alliance permettra à Bell de gagner encore plus en popularité et d’affirmer sa présence dans chacune des deux provinces du Québec et de l’Ontario. La vice-présidente de Bell Karine Moses explique que l’acquisition d’Ebox sera bénéfique pour la prospérité de l’entreprise et déclare dans un communiqué « L’acquisition d’EBOX renforcera davantage la présence de Bell au Québec, un marché clé pour notre entreprise. Je tiens à féliciter les fondateurs Jean-Philippe Béïque et Dominic Letourneau pour l’excellent travail qu’ils ont accompli avec EBOX pour amener cette entreprise au niveau qu’elle a atteint aujourd’hui. Je suis très fière et reconnaissante qu’ils aient fait confiance à Bell pour poursuivre leur mission au Québec ».
Fondée dans les années 80, Bell est l’une des plus grandes compagnies de télécommunications au Canada si ce n’est la plus grande, l’entreprise fournie une multitude de services, dont la téléphonie cellulaire, l’internet et la téléphonie résidentiels et pour les entreprises, la télévision fibre dans la région est du pays, Québec et Ontario, mais elle offre également le service de télévision satellitaire sur le territoire national.
Le plus grand fournisseur d’internet et de téléphonie indépendant au Québec, fondée en 1997 par Jean-Philippe Béïque et Dominic Letourneau, Ebox s’est employée à fournir un bon service d’internet, de téléphonie et aussi de télévision à ses clients du Québec et de l’Ontario à des prix attrayants pendant 25 ans, la compagnie a été reconnue parmi les meilleurs fournisseurs de télécommunications par PlanHub de par la satisfaction de ses clients.
Vous l’imaginez bien, l’acquisition de la compagnie Ebox par Bell n’est pas anodine et aura sans doute des répercutions sur le marché des télécommunications, pour mieux comprendre les intentions commerciales de Bell commençons par parler de l’augmentation des prix d’internet. En 2019, le CRTC (Conseil de la Radiodiffusion et des Télécommunications Canadiennes) a décrété une baisse des prix de gros pour les fournisseurs d’internet indépendants, afin de favoriser la concurrence et régulariser les prix de certaines compagnies qui n’étaient pas raisonnables, une décision qui donnait le droit aux petits fournisseurs de réclamer des remboursements des montants qu’ils ont versé au-delà de ce qu’il fallait depuis 2016 aux grandes compagnies telles que Bell, Videotron, Tellus ou encore Rogers, ces remboursements auraient été estimés à 325 millions de dollars.
Les grands joueurs, n’acceptant pas la baisse des prix, ils ont porté le dossier jusqu’à la cour d’appel fédérale qui les a débouté. C’est alors qu’en 2021 le CRTC est revenu sur sa décision, en annulant la baisse des tarifs d’accès aux réseaux à large bande à haute vitesse, donc d’un côté nous avons les fournisseurs indépendants qui s’estiment être lésés par les prix prohibitifs qui leur sont imposés et qui ont été appuyés par la décision du CRTC de 2019 et d’un autre côté les grandes compagnies telles que Bell et Rogers affirmant que la baisse des prix ne fera qu’augmenter leurs pertes.
Comme expliqué un peu plus haut Ebox est le plus grand fournisseur d’internet indépendant avec plus de 120 000 clients dont 70 000 utilisant l’infrastructure de Videotron, selon les circonstances il est facile d’imaginer que ces derniers seront reconvertis vers celle de Bell, ce qui nous fait réfléchir à pourquoi un grand fournisseur comme Ebox a été vendu à Bell ? Et surtout à quel prix ? Les grandes compagnies vont-elles riposter en acquérant de tiers fournisseurs ? Les fournisseurs d’accès internet indépendants quant à eux vont-ils résister longtemps à cette épreuve ? Mais la question fondamentale ici est, le marché des télécommunications va-t-il se transformer en champ de bataille entre les géants de l’industrie, où seul le consommateur sera victime, privé non seulement des prix attractifs et durables, mais surtout privé de concurrence ? « Il y aura moins de concurrence et moins de choix pour le consommateur. Ça pourrait donc avoir un effet au moins indirect sur les prix. Il sera intéressant de voir si le gouvernement ou le CRTC désireront intervenir » déclare Nadir Marcos Mechaiekh Simon.
L’ancien président du CRTC, Jean-Pierre Blais qualifie cet achat de triste nouvelle en réponse au vice-président de la finance de PwC Gaby Abou Merhi, « c’est une démonstration que le secteur des télécommunications du Canada n’est pas compétitif et ne sert pas les intérêts des Canadiens et des Canadiennes qui travaillent fort ».
« Il y a de gros joueurs qui ne se font pas vraiment concurrence sur le prix et la qualité. Ils utilisent plutôt leurs poches profondes pour [écraser] les petits joueurs devant les tribunaux afin de retarder la compétition. Ou de racheter des concurrents pour les retirer du marché. Ou pire, d\\\'avoir des réunions inappropriées avec les régulateurs pour toujours faire comme bon leur semble. Gagner par le lobbying n\\\'est pas un marché sain », déclare Jean-Pierre Blais.
Voilà comment Bell a fait main basse sur son concurrent pour monopoliser le marché et pratiquer son hégémonie sur tous les fournisseurs indépendants privant ainsi les utilisateurs de concurrence en ayant la main mise sur tous les services, sans adversaire à sa taille ce géant désormais, impose sa tarification sans que personne ne puisse la contester.